top of page
  • Julia Ferrante

Olivia et « Mademoiselle » : L’amitié d’une aide soignante et de sa patiente

Dernière mise à jour : 14 déc. 2022

Cinquante ans les séparent, pourtant elles sont inséparables : Olivia est l’aide soignante de Jacqueline, depuis quatre ans. Les deux femmes, de deux époques différentes, ont créé de forts liens d’amitié à travers leurs vécus, leurs photos et leurs souvenirs. C’est l’histoire d’une aide soignante lambda, qui revêt son costume de super-héroïne du quotidien pour aller travailler tous les matins et redonner le sourire aux personnes oubliées.

Olivia, aide soignante et héros du quotidien de Jacqueline,

On peut les croiser en centre ville, aux alentours du Polygone ou sur la Place de la Comédie : Olivia et Jacqueline se promènent tous les jours à heure fixe, suivant le même rituel depuis quatre ans. On les reconnaît de loin. Le petit corps d’Olivia pousse toujours énergiquement le fauteuil roulant de Jacqueline, élégante, parée de gros bijoux, bien coiffée et parfumée. À 43 ans, cette aide soignante d’origine malgache se lève chaque matin pour travailler avec le sourire : « Je suis très contente de mon travail, je me considère plus comme une auxiliaire de vie et j’aime ce que je fais car j’apporte du bonheur autour de moi ». Faire les courses, préparer des affaires, faire du repassage sont les tâches dont Olivia doit s’acquitter (sur le papier) : « On ne s’ennuie jamais ! On se promène, on prend notre temps, on boit le café en terrasse, on fait un peu de shopping, on rigole et on parle beaucoup. »


Mademoiselle et non Madame


Jacqueline Delaporte a 94 ans. Il y a quatre ans, Olivia rentre dans sa vie et la bouleverse. Habituée à voir des professionnels en coup de vent, elle voit chez Olivia l’enfant qu’elle n’a pas eu : « Ce n’est pas mon amie, c’est ma fifille », comme elle a pour habitude de l’appeler. Ce surnom affectueux la fait sourire, d’autant qu’elle aussi a un surnom précis pour Jacqueline : « Allez Mademoiselle, on y va ! ».

Mademoiselle. À l’origine, ce surnom était conventionnel, aujourd’hui, il est affectueux. Jacqueline n’a pas d’enfants, ne s’est pas mariée, elle est restée auprès de ses parents toute sa vie et n’a jamais travaillé. « Elle n’a plus beaucoup de famille, qu’une cousine éloignée qu’elle ne voit qu’une fois par an, sinon nous sommes sa vraie famille ». Le nous, c’est aussi l’infirmière qui passe la voir tous les jours, la coiffeuse une fois par semaine, la femme de ménage et le personnel de la résidence privée dans laquelle elle séjourne. Tous ces héros du quotidien trouvent leur travail normal, mais pour Jacqueline, c’est bien plus : « Je tiens à eux, ce sont des personnes formidables qui m’entourent. Je n’ai ressenti aucun effet de la pandémie car j’avais toujours mes petites fifilles qui venaient me voir tous les jours », explique-t-elle reconnaissante.

Une belle complicité caractérise ce duo insolite. À chaque occasion, elles s’offrent des cadeaux : « Pour noël ou pour mon anniversaire, elle m’a déjà offert du parfum, une montre, des chocolats… et du foie gras ! lance Jacqueline derrière, Elle perd pas le Nord ! », renchérit Olivia en riant. Cet exemple typique d’échange entre les deux femmes fait rire le serveur de la terrasse qu’elles ont l’habitude de fréquenter. « Cela fait des années qu’on les connaît les deux, elles viennent presque tous les jours et elles refont le monde à chaque fois », explique-t-il en apportant les tasses.


Les deux femmes retournent petit à petit à la résidence en chantonnant, toutes deux de bonne humeur. « On a créé un véritable lien, elle est comme ma grand-mère, je ne travaille pas quand je suis avec elle, je m’amuse », crie-t-elle en courant avec le fauteuil roulant et en imitant le bruit d’une voiture.




Julia Ferrante







3 vues0 commentaire
bottom of page