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Moorea, du rêve à la réalité

Dernière mise à jour : 1 nov. 2022

Laurie Beux s'est lancée en 2018 dans un pari un peu fou. Tout plaquer pour se consacrer à son unique passion, la musique. Mais comment fait-on pour prendre une décision et comment l'entourage réagit-il face à une si grande décision ? Portrait.

On dit que l'alcool aide le contact entre les gens. Et ce n'est pas Laurie, alias Moorea, qui dira le contraire. Le bar dans lequel elle nous a donné rendez-vous n'est pas vraiment son endroit favori. Celui-là, calme, avec peu de monde et une musique plutôt douce en fond, contraste avec celui d'en face, beaucoup plus festif, plus bruyant, qu'elle fréquente beaucoup plus. Dans celui-là, pas d'happy hours, pas de piste de danse. Juste de grandes tables en faux bois clairs, des plateaux de charcuterie et des verres de vin. Un endroit typique pour les amateurs d'afterwork, des groupes de collègues d'une agence de communication, sortant d'un brainstorming épuisant. "Je pense ça va être bien, on va pouvoir parler tranquillement ici.'' Le décor est planté. Avant le début de notre entretien, passage obligé vers le barman. Pour chacun de nous, ce sera de la bière, ambrée. ''Bon, je vais prendre une pinte, même si j'ai peur que ce ne soit pas la dernière de la soirée.'' C'est la première fois que Mooréa se frotte à cet exercice de l'interview. Un grand sourire, et des lunettes rondes qui renforcent cette expression de bonne humeur, nous sommes partis pour deux heures d'entretien avec cette jeune femme grande aux cheveux blonds, se mariant au blanc neige de son grand pull en laine.

Et l'on débute forcément, par cette première question. Pourquoi ce nom de scène ? Que signifie Mooréa ? ''C'est une île qui se situe juste en Polynésie Française, juste en face de Tahiti.'' Elle y a vécu pendant cinq mois chez sa tante et son oncle, qui avaient une maison avec une vue sur cette île. "Je voulais vraiment avoir un nom qui fasse voyager et qui corresponde réellement à une partie de moi.'' À la base, je pensais à Bora Bora, mais c'est plat, c'est long.'' Et puis, c'est grâce à sa grande sœur, qu'elle trouve le nom final et idéal, Mooréa. Pour notre Normande de 26 ans, l'aventure Mooréa commence véritablement en 2016. Pour elle, c'est le début de la construction de son projet musical. Un nom de scène, une image et un premier EP ''fait maison disponible sur Soundcloud. Ce n'est pas le meilleur truc que j'aurais fait, c'est pas très bien mixé, ni arrangé, mais il fallait sortir un truc''. 2016 est également l'année de sa venue ici, à Montpellier. Pour terminer ses études. Dans le même temps, elle enchaîne les petits boulots dans le prêt-à-porter jusqu'à un emploi un peu plus insolite. "Je vais te surprendre je pense, mais j'ai été clerc de notaire.'' Cette période est dure pour notre grande rêveuse, fan de Michel Gondry. Où mêler les rouages juridiques du métier et ceux de la musique sont impossibles pour elle. Un travail qui lui demande beaucoup de temps, et qui donc derrière, ne lui en laisse pas assez pour exprimer pleinement sa seule et unique passion.


''J'ai vraiment envie de faire découvrir ça aux gens.''


Rapidement, elle arrête ce métier et depuis juillet 2018, elle ne fait plus que ça. De la musique et encore de la musique. Continuer à développer son image et puis surtout, continuer à sortir des titres, et des projets, notamment un EP, disponible sur les plateformes de streaming depuis le 23 novembre dernier. Mais comment faire ? Comment parmi tous ces artistes émergents, réussir à se faire connaître et sortir du lot ? Premièrement, ses amis. ''J'ai la chance d'avoir mon meilleur ami, qui est gérant d'un label, l’Officine Records.’’ Grâce à ça, elle peut envisager des projets plus sérieux. Des musiques, mieux mixées, des relations et des rencontres. Mais en plus de tout ça, une étape que l'on ne peut éviter aujourd'hui : les réseaux sociaux. ''La base des bases, c'est se créer une page Facebook, un Instagram. Et puis créer un contenu cohérent et être active''. Réseauter. C'est pour elle le point de départ, sortir, rencontrer du monde et pourquoi pas, une personne qui pourra peut-être l'aider à la faire décoller. Facile à dire. Moins facile à faire quand on est seul dans une telle ville. ''C'est dure de sortir seule, d'affronter les gens.'' Il y a quelques mois, elle affrontait encore une certaine solitude, ne sachant pas quoi faire de ses journées. Aujourd'hui, c'est différent, Mooréa a son copain et ses amis. Ses mêmes amis qui l'ont convaincue de se lancer à plein temps dans la musique. ''J'ai vraiment pris conscience de tout ça quand mes amis me disaient que, ce que je faisais c'était vraiment bien et je devais arrêter de faire de la musique juste par simple distraction'' Pour elle, c'est le déclic, impossible de continuer un métier qui ne lui plaît pas du tout, au risque de regretter de ne pas avoir essayé et ''être en dépression à 40 ans''. Non, très peu pour elle. Mais pour cette férue cachée de Mylène Farmer pas de secrets. Pour se faire connaître, il faut faire de la scène, montrer ce que l'on sait faire aux gens. Dans les cafés, dans des salles de concert. Fin janvier, elle se produira dans un bar, la première d'une longue série elle espère. Pourtant, le live n'était pas forcément l'idée de départ. ''Faire de la scène, ce n'était pas prévu à la base, et puis bon, maintenant que le projet avance, j'ai vraiment envie de faire découvrir ça aux gens.'' Mais face à cette excitation, la peur. Cette hantise de devoir gérer pleins de choses, la guitare, le synthé et puis surtout sa voix. La peur de se rater et surtout de décevoir et laisser passer sa chance. ''On va prendre son temps et je serai prêt pour le jour-J. Et puis je ne serai pas toute seule, mes amis seront là''. Et puis évidemment, autre chose qui compte énormément à ses yeux. Sa famille. Qui a une place plus qu'importante dans ce rêve fou. Son amour de la chanson, c'est sans hésiter eux. Du son, tous les jours, encore et encore. Des parents, qui lui faisait écouter sans cesse ''de la bonne musique'', mais pourtant, rien ne la prédestinait à ça. ''Ma famille m'a jamais poussé à me lancer là-dedans. Cela devait rester un plaisir, un divertissement.''. Alors peut-être la faute à son grand-frère aujourd'hui professionnel, qui l'emmenait, déjà à 15 ans, jouer dans des bars du coin. Même encore aujourd'hui, dire qu'elle ne fait plus que ça, a encore du mal à passer. ''Papa n'est plus là pour dire ce qu'il en pense, mais c'est vrai que l'on n'est pas très expressif dans ma famille. Ils m'encouragent bien entendus, ils sont contents que je me lance dans ma passion. Mais je sais bien qu'au fond-eux, ils sont septiques.''

Prouver à tous qu'elle peut le faire, qu'elle peut réussir dans un monde où rien n'est acquis d'avance. Mais Laurie le dit, elle est courageuse et ne rechignera jamais à l'effort, elle fera tout ce qui est possible pour y arriver. Ce n'est donc pas un hasard si son auteur favori est Eric Emmanuel Schmitt et qu'il disait ''Je me fuis moi-même ; mais je ne perds jamais ma trace, je me rattrape toujours..." Car, fidèle à elle-même Mooréa sera toujours là pour nous rappeler que la musique est l'essence de sa vie et rien d'autre.


Moora sera en concert au Black Out à Montpellier ce jeudi 14 mars. En attendant, vous pouvez la découvrir sur Souncloud.

Corentin Briot

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