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Luvang, une ascension angélique

Dernière mise à jour : 1 nov. 2022

Après la sortie de son premier projet intitulé « Éclipse », le chanteur corse puise dans les rouages de sa jeune vie. Portrait.


Tournage du clip de Pleine Lune / Lisandru Olmeta.

Sortie du clip de Pleine Lune sur Youtube. Rendez-vous est pris dans son appartement à Aix-en-Provence, lieu de ses études de musicologie. À quelques pas de chez lui, l’avenue nommée Wolfgang Amadeus Mozart. Fruit du hasard ou non, la symbolique y est bien présente. Luvang s’autorise enfin un peu de repos après des intenses semaines de travail et de cours en distanciel. Dans son studio, se confondent des effusions d’esprit couchées sur des feuilles volantes et du matos de professionnel. Il tient dans une main son café fumant, et se sert de l’autre pour recoiffer sa chevelure blonde à la Kurt Cobain.


Les prémices d’une passion


Porté par des idoles tels que les Beatles, AC/DC ou encore Nirvana, Luvang ne peut s’empêcher de parler de son grand-père maternel comme sa muse. Le chanteur corse nous révèle le sens de son nom d’artiste : « J’ai eu plusieurs pseudonymes comme L.A ou Love Angel basés sur mes initiales, puis j’ai décidé de trouver un nom empli de sens. Luvang est le croisement marqué par le v entre Lucas, mon prénom, et Ange, celui de mon grand-père. Je ne l’ai pourtant jamais connu ». Son aïeul fut enfermé dans les camps de concentration allemands, il s’en est sorti grâce à sa voix, nous raconte-t-il : « Il avait une voix magnifique. Il chantait matin et soir. Un jour, deux Kapos viennent dans les dortoirs chercher des gens à exécuter. En l’entendant chanter, les gardes, qui n’avaient aucun moyen de divertissement, décident alors de le laisser en vie pour se distraire ». Cette survie a duré un an. « Il écrivait beaucoup de poèmes dont un reprenant le conte de Charles Perrault, Les Bottes de Sept Lieues », confesse-t-il.


Mais sa passion pour la musique n’est pas innée, Lucas Antonelli, de son vrai nom, avait « 5 ou 6 ans » lorsqu’il a porté un soupçon d’intérêt pour le quatrième art. « Dans une certaine dynamique d’éducation, ma mère m’a de suite inscrit à plusieurs activités comme le dessin, entame-t-il. Lorsque j’allais à mes cours d’arts, en attendant, j’espionnais le cours de guitare derrière la porte entrouverte de la salle d’à côté » se remémore-t-il en souriant. Les étoiles dans les yeux, il évoque la guitare vintage que son père détenait dans sa jeunesse : « Le voisin du dessus faisait de la guitare et mon père prenait des cours avec lui par loisir. J’assistais de temps en temps à ces sessions musicales ». Plus les cours s’amassaient, plus cet intérêt et ce goût pour la musique grandissait. « J’ai donc commencé à apprendre la guitare classique avec des professeurs. Dès les premiers cours, mon professeur était ébahi » plastronne-t-il. Pour cause, habituellement, pour passer les examens musicaux, de la base au DEM [Diplôme d'études musicales], il faut grosso modo 11 ans de pratique. Lucas a obtenu tous ces diplômes en 4 ans.

La musique, partie intégrante de son adolescence

Alors qu’il rejoignait les bancs collégiens, les rencontres fusent. Des amis d’un temps, d’autres d’une vie. Luvang eut plusieurs groupes de pop rock qui se sont produits sur la scène du Théâtre Municipal de Bastia ou encore lors de concerts culturels dans le lycée qui l’a vu grandir. Assoiffé d’apprentissage et de découverte, l’artiste corse pratique plusieurs instruments comme « la guitare classique et électrique, le piano, la basse et la batterie ». Après de nombreuses prestations en qualité de boys bands et de discordes au sein de ce dernier, Luvang décide de se lancer dans le solo : « Lorsque je jouais en groupe, j’avais l’impression d’être sclérosé. Je m’impliquais sérieusement et considérais cela comme une perspective d’avenir et non pas comme un loisir », argumente-t-il. C’est dans une démarche de création qu’il choisit de commencer une carrière en solitaire : « Je me suis dirigé vers la pop parce que je n’arrive pas à écrire des textes destinés au rock. Je préfère composer sur des ambiances plus posées comme du folk ou plus récemment du rap au flow calme », précise-t-il. Débordant de créativité, Luvang ne peut s’empêcher de transposer ses idées sur papier, ce qui a failli courir à sa perte : « J’ai eu une période où j'écrivais une chanson par jour, je me forçais, reconnaît-il. C’en devenait néfaste et cette surproduction ne reflétait en aucun cas ce que je voulais chanter ». Mais fort heureusement, l’univers musical n’est pas truffé que de tourments. L’un de ses plus beaux et inoubliables souvenirs demeure celui d’un concert privé au Melodium Center à Biguglia où la scène se trouvait proche du public avec un piano au milieu de ce dernier. Luvang se confie avec un grand sourire empli de nostalgie sur cet évènement au goût particulier : « C’était incroyable. Trente personnes de mon entourage ont assisté au concert. Une grande émotion se ressentait dans la salle. Ils étaient captivés. J’ai eu ce sentiment de toucher les gens en plein coeur. Les applaudissements résonnent encore dans ma tête ». Cette exaltation, Luvang désire plus que tout la ressentir encore et encore.



Des rêves devenus réalité


Après avoir expérimenté le rock ou encore la pop, ces styles ne convenaient pas avec l’idée que Lucas a en tête. Il décide alors se lancer dans un tout autre registre, révèle-t-il : « Cette ambiance posée que m’offre le rap me permet de traduire un sentiment, un fait, une émotion et d’inclure une flopée de sens cachés. Ce style là m’inspire énormément ». Le rap dont il fait référence n’est pas celui de NTM ou bien d’Akhenaton, on peut l’assimiler à du rap plus moderne aux allures de Livaï et, pour le plus connu, Lomepal. Ce registre posé et introspectif se ressent dans son mode de composition : « J’écris mes textes avant la mélodie. Je préfère dire que j’écris des poésies plus que des chansons, s’enorgueillit-il. Je ne me relie quasiment jamais, je considère que la première impression est toujours la bonne ». Un symbole de sincérité et de spontanéité doublé d’un style musical d’interprétation de ses pensées, en appuyant sur certains mots qui résonnent en lui. Ce discours-ci conforte la dimension de ses musiques dans un style d’exutoire intimiste : « Par exemple, Ris aux Lèvres est le fruit d’évènements passés qui m’ont poussé à cette réflexion comme si j’écrivais dans un journal intime. À l’inverse, Pleine Lune témoigne d’un mood, une ambiance que l’on peut ressentir », éclaircit-il. « Je veux créer un lien avec mes auditeurs, je ne veux pas être le n°1 des ventes, je veux tout simplement vivre de ma passion. Je veux avant tout faire des concerts, donner vie aux mots autrement qu’à travers les écrans », assène-t-il, avec un fol enthousiasme.


À l’aube de la sortie de son single susdit Éclipse, il ne compte pas s’arrêter là. Luvang prévoit, entre mi-février et fin avril, un EP [Extended Player] symbolisant la diversité musicale et un ardent désir d’évoluer. On ne vous en dit pas plus !


Pierre Gianelli

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